La pratique de l'auto-empathie

Une approche avec un guide sonorisé



'' Quand on m'a écouté et entendu,
je peux redécouvrir mon univers sous un jour nouveau
et poursuivre mon chemin ''

Marshall Rosenberg

Comment s'y prendre pour se donner de l’empathie à soi-même ?

A la suite d'un vécu difficile, je ne me sens pas bien.
Il y a des choses en moi qui s'agitent, des zones de tension et de mal être.
Ce sont des zones froissées ou blessées en différents lieux de ma sensibilité.
Et mon mental s'active aussi beaucoup autour de ça.
Ces zones perturbées aspirent à un mieux être.
Elles ont besoin de recevoir de l’empathie et de la compassion.

Je dispose d'une instance en moi-même qui est capable de faire cela.
Mais je ne sais pas bien encore comment m’y prendre pour favoriser son activité.

Pour que je puisse me donner concrètement de l’empathie
il me faut à la fois le vouloir et le pouvoir.

Est-ce que je le veux ?
« Je souhaite parvenir à donner de l’empathie aux parts de moi qui sont en souffrance. »
Je veux cela, je suis en accord avec ça.
  Je sens que c’est un désir profond, une aspiration de mon être.
Quand je me dis cela à moi-même, le "je" que je prononce a une saveur particulière.
Il est en lien avec "Qui je suis" au fond.
J’acquiesce de façon décisive à ce désir.
Je suis donc prêt à y consacrer du temps et de l’énergie.
OK et maintenant comment faire ?

Est-ce que je le peux ?
L'aptitude à l'empathie est observable chez de tout petits enfants à l’égard d’une personne de leur entourage en difficulté, elle fait partie des richesses de notre humanité.
C’est une compétence dont je dispose naturellement.
Peut-être ne lui ai-je pas encore fait volontairement de la place, surtout à l’égard des différentes parts de moi-même lorsqu'elles sont en mal être.

Quand je vis une situation pénible, ma sensibilité est douloureuse. Une part de moi-même souhaite que cet état cesse au plus vite et, d’une certaine façon, elle ne l’accepte pas, elle le refuse. Je vais prendre d'abord conscience de cette tendance spontanée à fuir ou supprimer l'état présent. Je vais dialoguer avec cette part de moi-même qui s'active ainsi. Je comprends son besoin de bien être et son mécontentement. Je vais lui dire mon intention d'accueillir et d'écouter les parts qui sont en souffrance :
"Oui, plutôt que de fuir ces états, je te propose qu'on s'en approche, qu'on leur fasse de la place pour les accueillir, pour les prendre vraiment en considération. Si tu veux bien, "je" vais écouter ce qu'ils ont à dire; quels sont les manques dont ils témoignent et aussi quelles aspirations profondes les animent. Je te demande de me faire confiance pour cela".
Le mouvement spontané de fuite est donc le premier à être accueilli. Il découvre alors qui je suis, qui parle ainsi : la conscience lucide et bienveillante en acte. Il peut accepter de lui laisser le poste de pilotage.
C'est important de lui donner à comprendre que les parts souffrantes sont surtout tendues ne n'être pas entendues. Leur message concerne des aspirations vitales non reconnues qui ont besoin d'être prises en considération. Alors nous y verrons plus clair pour envisager leur prise en compte ultérieure. C'est beaucoup mieux que d'étouffer les choses.
Cette démarche nous prépare aussi aux démarches compassionnelles vis-à-vis d'autrui.

Alors, depuis ce lieu de nous-mêmes où nous sommes capables d’un véritable accueil bienveillant, nous faisons face à ce qui souffre en nous . Nous allons dialoguer et lui manifester de l'écoute et de la bienveillance, comme une mère peut le faire avec son enfant. Nous prenons le temps de lui donner toute la compassion et la compréhension nécessaire jusqu'à ce que cette part en souffrance puisse s'apaiser en délivrant le message qu'elle contient.

Concrètement, pour nous entraîner à cette démarche intérieure plusieurs approches sont possibles.
Il nous faut trouver celle qui nous conviendra le mieux selon notre histoire et notre personnalité.
Pour certains, il suffira de pouvoir rejoindre ce lieu profond d’accueil et de bienveillance et, de là, considérer en silence la part souffrante de soi-même.
Pour d’autres, il sera peut-être nécessaire de fréquenter quelqu’un qui exerce cette activité et d’apprendre à son contact par mimétisme.

UNE APPROCHE AVEC UN GUIDE AUDIO

Je veux ici vous partager la démarche que j’ai développée pour moi-même
et dont la mise en œuvre me fait du bien en me permettant de progresser.
Je me doute qu’elle est loin d’être adaptée à tout le monde, mais c’est la seule dont je puisse véritablement témoigner.
Donc, à prendre avec circonspection en ne gardant que ce qui semble vraiment bon pour soi.

J'ai commencé par écrire un dialogue avec moi-même dans lequel je me guide,
je me prends par la main pour exercer cette activité d’auto-empathie.
Ce dialogue, je l'ai lu et enregistré avec ma propre voix pour m’en faire un audioguide
que j’écoute régulièrement pour m'exercer à l'accueil de ce qui souffre en moi.
Pour prendre des termes issu de l'Analyse Transactionnelle,
c'est un exemple de dialogue intérieur entre le «parent nourricier» et le « moi-enfant ».
Je vous propose de le tester pour vous-mêmes, de voir ce que ça donne, puis de le modifier en fonction de vos propres besoins et de le tester à nouveau après l'avoir enregistré avec votre propre voix.
Je crois que chacun a en soi une bonne voix pour se parler à lui-même.
En tâtonnant un peu, il est possible de la trouver et de la mettre en œuvre.
Bonne expérimentation !

Jean-Luc Berger

ECOUTE de L'AUDIOGUIDE

Le dialogue intérieur dure 28mn.
Il est bon de se choisir un temps dédié et un lieu calme, où l'on ne sera pas dérangé. 
On peut avoir à portée de main un papier et un crayon pour noter ses découvertes,
en particulier les besoins profonds qui peuvent être identifiés.


LE TEXTE DE L'AUDIOGUIDE


Le texte enregistré
Les commentaires sur les différentes phases
Parcours d’auto-compassion

Je viens de vivre une situation difficile. Je ne me sens pas bien. Il y a des choses en moi qui s'agitent, des pensées qui tournent dans ma tête et dans mon corps des zones de tension et de mal être.

J’ai l’intention de faire bon accueil à ce qui m’habite en ce moment. Je veux prendre du temps pour m’y ouvrir du mieux que je peux, avec attention et bienveillance.
J'observe peut-être que c'est un mécontentement de mon état actuel qui est là de prime abord. Je comprends que cette part de moi-même désire un bien être, une satisfaction qui sont absentes pour le moment. Je propose à ce mécontentement qui m'habite de me faire confiance, de me laisser faire et de patienter un peu. Je vais prendre soin de tout cela. Bon.
Je m’assois, je me pose comme je suis sur une chaise et pour commencer je vais observer ce qui se passe dans mon corps. J’ai une feuille de papier et un crayon à portée de main pour prendre des notes au besoin.
Je fais un balayage des sensations que j’éprouve dans mon corps depuis le contact de mes pieds sur le sol, ce qui se passe dans mes jambes, …mes cuisses, … le contact des fessiers sur le siège…
Ce qui se passe au niveau du bassin, du ventre… Pour le moment je ne cherche pas à détendre. J’accueille telles quelles les sensations, j’observe ce qui est tendu … ou détendu…, je passe au thorax, J’observe comment se fait ma respiration, je l’accueille, ce qui se passe au niveau du dos, des épaules, de la nuque, de la mâchoire, des muscles du visage. Ainsi je repère les zones particulièrement crispées et je les délimite par rapport aux autres.
Je reste quelques instants en présence de ces sensations. Je les accueille telles qu’elles. Je leur fais de la place. Je les laisse évoluer. Je suis là avec ce qui se passe, à l’écoute de ce qui se passe. J’accueille aussi les pensées qui vont et viennent… comme des éléments qui font aussi partie de mon paysage.
Je respire. J’accueille.
Je respire avec, avec tout ce qui est là.
J'attends un peu, comme ça.

A présent je fais doucement un tour d'horizon intérieur.
Je porte mon attention vers ce qui s’exprime dans ma sensibilité, ce qui m’habite là, au-dedans.
J’observe là où des rides se forment au lac intérieur, là peut-être où mes pensées jettent des pierres et font des vagues. Je repère ce qui s’agite, ce qui bouge ou se crispe…
Je m’ouvre à tout ce qui se passe, là, en cet instant
Qu’est-ce donc ?
Il y a t-il des zones de craintes ? d’incertitude ? de peur ?
Il y a t-il aussi des zones de manque, avec des tensions désirantes ? des attentes ?
ou encore des zones de tristesse, de regret, de perte, des déconvenues ?
Ou bien un mécontentement, une zone d’irritation, ou de colère ?

Je repère une de ces zones, particulièrement sensible, tendue ou en souffrance
Et je m'imagine me tenir à côté de cette part de mon être où je sens cette tension.
J’en réalise l’intensité, l’importance et du mieux que je peux je vais l’accueillir.
Je lui dis : oui, je t’entends…
Je t’entends…
Je t’offre un espace d'accueil et de tendresse où te poser
comme tu es…
Tu as ta place chez moi, là, dans mon cœur, dans mon corps et aussi dans mon mental
Un lieu pour être comme tu es, dans ton mécontentement, dans ton mal être,
Je suis là, à tes côtés…
Je te prends en considération, j’observe ce que tu me dis de toi, posée là en mon corps, comment tu te déplaces, et comment tu te transformes...
Est-ce que tu sens ma présence ?
Oui, tu ne te sens pas encore bien pour autant…
Je perçois, j'entends, je sens, je mesure à quel point c’est encore difficile d'éprouver ça.

Ainsi je fais de la place, j'offre l'hospitalité, à chaque part de moi-même, tendue, souffrante,
autour d’un vide, d’une zone de détresse ou de manque.
Je décide de m’y ouvrir du mieux que je peux.
J’y consens.
Je réintègre en moi toutes ces parts en mal être

Et je leur dis : quand tu ressens ça
Qu'est-ce qui te manque au fond ?
Qu'est-ce que tu cherches là ?
Qu'est-ce que tu aimerais vivre ?
Quel est donc ce bien que tu cherches ?
Dis- moi ?
Et je laisse venir ce qui vient
Si je peux, je le note comme ça se dit

Oui
Tu cherches ça...
Et si tu l’avais ça te permettrait de vivre quoi ?

Oui, tu cherches ça
qui ne t’apparaît pas...
Bon !

Bon.
En effet, c'est un bien que tu cherches
Et je réalise, je perçois à quel point c’est désirable
J’accueille l’insatisfaction et le mal être du fait de son absence
Car c’est vrai, pour le moment, il n’apparaît pas
Alors, on va s’asseoir.
On va trouver le moyen d’apprivoiser, de vivre avec et si possible de prendre soin de cette zone de manque...
la réconforter
avec la vie qui héberge ce manque,
la vie présente qui l’enveloppe  de sa chaleur,
au cœur de ce corps qui respire,
En cet instant…
Est-ce que tu sens l'air qui te traverse ?
...
Tu sens ?
Est-ce que tu sens que c’est là, sans que tu n’aies rien à faire de spécial ?
Oui tu sens toujours le manque et sous le manque
tu sens la vie ?
Tu sens la vie qui vit ce manque et qui le porte
et qui l’accompagne ?
Oui, qu'est-ce donc qui est déjà bien ?
Qu’est-ce qui est déjà bon
Là tout autour ?
Tu le sens un peu
au moins un peu
N'est-ce pas ?

oui
Je sens mon existence,
Dans l’épaisseur sensible, chaude et vivante de mon corps
Je sens la coexistence de toutes les parts de moi-même avec tout ce qui vit, avec tout ce qui est
là tout autour
en cet instant
…………………………………..
Oui tout se tient, tout se tient…
Et, peut-être, je peux consentir à cette vie qui m’exauce déjà dans mon désir d’être et de vivre, comme ça, en cet instant, avec tout ce qui est
Oui,
Il y a là déjà du bien

Alors, pendant quelques instants, je veille en ce bien, je m’y dépose, je m’y appuie, je m'y confie, et je m’y laisse faire,
autant que possible.

Alors, peut-être, puis-je ressentir un peu de paix, et aussi un peu de gratitude pour le bien que je perçois là, aussi mince soit-il…
Alors, peut-être, dans cette petite clairière de calme revenue, je peux envisager quelque chose de particulier à faire pour prendre mieux en compte le besoin que je viens d’accueillir. Je laisse venir et je note ce qui me serait possible de faire.

Si une intention précise s’est dégagée, puis-je lui faire de la place en moi ? Si c’est le cas, je peux la laisser communiquer sa présence aux parts de moi-même qui sont en manque.

Puis-je maintenant décider de poursuivre mon chemin avec ça ?

Oui, je prends la main de ce que j’ai pu rejoindre de vivant et de bon... et je m’y tiens.
Je me remercie d’avoir pris ce temps et fait ce bout de chemin…
oui
Gratitude.











J'exprime mon intention.

J'accueille l'insatisfaction  éventuelle qui m'habite et sa réticence à faire ce parcours.



Le parcours commence par un temps de réceptivité corporelle pour repérer les zones de tension et favoriser l'émergence dans la conscience de ce qui se passe.

































Dans cette phase, c'est comme si j'étais muni d'un projecteur éclairant l'ensemble du vécu intérieur. La sensibilité est comparée à une étendue d'eau remuée par des vagues ou des courants. La conscience se positionne en témoin, un peu au dessus du lac, éclairant et accueillant de ce qui s'y passe dans l'instant.


Chaque fois qu'un contenu émotionnel est évoqué par un mot, je vérifie si cette évocation rencontre une résonance intérieure. Je repère où ça se passe et de quoi c'est fait.


Je sélectionne ce qui semble occuper le plus de place dans le ressenti.
Je
porte mon attention sur cette zone, je m'en approche avec douceur.

Je laisse les ressentis évoluer à l'intérieur du corps, sans chercher à intervenir. Je me contente de les accueillir et de les observer.

Je me rends attentif à l'écho intérieur de ces paroles : qu'est-ce que ça lui fait à cette zone souffrante d'apprendre qu'elle est entendue et accueillie comme elle est ?


Je me rends attentif à l'absence qui occasionne cet ébranlement intérieur.
J'accueille la pertinence de ce ressenti : il a de bonnes raisons d'être là, même si je n'ai pas encore identifié clairement de quoi il s'agit.
C'est une première approche du ou des besoin(s) insatisfaits.



Je porte mon attention sur la nature du manque.


Je peux poser l'écoute de l'audioguide et prendre le temps de laisser venir les réponses à ce questionnement.


Je cherche à m'enfoncer dans la nature du besoin pour comprendre l'aspiration profonde qui est là au dessous.

Je constate et je valide qu'il s'agit de quelque chose de bien et de bon qui est attendu. 
Je valide aussi son absence.









J'élargis la conscience à la présence simultanée du manque et de la vie qui expérimente cette absence.
L'attention englobe la présence du corps et des processus vitaux qui s'y déroulent dans l'instant.



Je laisse la vie présente envelopper, réchauffer, détendre la zone crispée sur le manque.








Je perçois la simultanéité de la vie et de ce qui lui manque.








Je suggère que la vie trouvera le moyen de combler le manque.
Dans cette confiance j'invite la zone crispée à se détendre, à lâcher prise, à se laisser porter par le mouvement de vie.


Je m'invite à me reposer peu à peu dans le simple fait d'exister, avec tout ce qui existe là autour de moi.



Si le climat intérieur a pu s'apaiser un peu, je peux mobiliser mon intelligence pour discerner si j'ai quelque chose de particulier à faire pour prendre en compte les besoins et aspirations qui viennent de se dire.
Je me laisse habiter par l'intention d'agir.
Je vérifie comment cela est entendu par les zones de manque.



Je termine mon parcours avec l'écho de ce que j'ai pu rejoindre de vivant et de bon en moi-même et autour de moi.